La souffrance

La souffrance est une bonne chose. 

On pense tous qu’on vivrait mieux sans elle, mais la vérité, c’est que personne ne veut vraiment arrêter de souffrir.

Laisse-moi t'expliquer.

Comme je lisais un livre du philosophe Nietzsche, je suis tombé sur le concept du dernier homme.

Nietzsche décrivait ce dernier homme comme un homme sans buts ni aspirations, qui ne se risquent à rien parce qu’il n’aime pas le risque. Il préfère rester dans son confort médiocre plutôt que d’essayer d’en sortir, car ça lui demanderait de prendre des risques, ce qui serait difficile. Il est content dans sa cage, et ne désire pas du tout s’évader.

Ensuite, Nietzsche ajoute que cet homme a éradiqué toute la souffrance de sa vie, mais même après s’en étant libéré, il est resté misérable.

À ce moment-là, je me suis demandé pourquoi est-ce qu’enlever la souffrance de notre vie nous rendrait misérable ?

En tant qu’humains, on désire tous réduire notre souffrance et on a l’impression qu’on serait plus heureux sans elle. Alors pourquoi est-ce que celui qui aurait réussi à la réduire au maximum deviendrait le misérable dernier homme ?

Mais j’y ai réfléchi, et Nietzsche avait raison. En réalité, on ne veut pas arrêter de souffrir, même si on en a pas l’impression.

L’histoire du film Fight Club montre exactement pourquoi.

Dans le film, le narrateur représente littéralement le dernier homme.

Il préfère rester à son travail de merde plutôt que de prendre le risque de le quitter. Lorsqu’il revient du travail, il se distrait en achetant toute sorte de meubles dont il n’a pas besoin. Il est un peu comme un zombie toute la journée.

En gros, il ne vit pas sa vie, il la subit.

Mais dans la deuxième partie du film, son appartement brûle, il arrête d’aller au travail et il commence à se battre.

Tous ces événements le poussent à prendre des risques et à affronter la souffrance qu’il avait l’habitude d’éviter dans son ancien appartement.

Et bizarrement, souffrir lui a permis de sortir de son état misérable. Sa vie n’est plus aussi mauvaise qu’avant. Et elle gagne même un peu de sens aux yeux du narrateur !

Ce personnage qu’on méprisait au début du film finit par devenir un grand homme. Pourquoi ? Parce qu’il a souffert.

C’est pour ça que Nietzsche avait raison. Nous avons besoin de la souffrance pour vivre une belle vie.

On doit s’exposer à la souffrance pour prendre des risques et vivre une vie dont on est fier.

C’est elle qui nous empêche de vivre une vie médiocre, ennuyante, déjà planifiée, déjà vécue et sans risques.

Donc la prochaine fois que tu passes par une période difficile, rappelle-toi que la souffrance a une valeur. Cette période sert à quelque chose.

Oui souffrir fait mal, mais dans un sens, c’est aussi ce qui nous empêche d’avoir mal.

Merci